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Bibliographie critique de géographie
11 avril 2016

Géographie mondiale de l'énergie

(Mise à jour : août 2022. 19 références données sur cette page)

LE RETOUR D'UN SUJET

Bibliographie critique de géographie se félicite que l'énergie soit redevenue un thème de géographie ! C'est une évidence de nos jours. Mais çà a pourtant failli partir aux oubliettes il y a une quinzaine d'années. Souvenons-nous par exemple des thèmes du programme de géographie de lycée mis en place en 2001 : l'énergie n'était plus un sujeAristotet. Ah les effets de mode ! Mais voilà : l'augmentation du prix du pétrole depuis 2000, le "retour des matières premières" aux environs de 2005, et l'enjeu du changement climatique ont ramené les inspecteurs de géo, les universitaires sur le chemin de la sagesse. La sagesse ? Rien que çà : la sagesse, c'est de ne pas oublier qu'il n'y a pas de civilisation sans énergie pas chère. Photo : le jeune Alexandre de Macédoine écoutant Aristote (du film Alexandre d'Oliver STONE, 2004). A l'époque, la civilisation grecque repose sur l'esclavage, la force animale et la surexploitation des forêts (PELT, Jean-Marie, Le nouveau tour du monde d'un écologiste, 2005, p 139). Et la notre aujourd'hui, elle repose sur quoi ? Essentiellement, sur le pétrole pas cher. Pas cher parce qu'on ne paye pas ses effets secondaires. Et ceci est aussi scandaleux que la destruction du milieu naturel des Grecs, ou l'exploitation de leurs esclaves.

Et voilà, Bibliographie Critique de Géographie CRITIQUE encore le système. Normal : faire de la géographie, c'est automatiquement, systématiquement intégrer les questions liées au développement durable. Alors l'énergie sur terre, c'est quoi ? C'est où ? Cà fait quels paysages ? Cà transforme quelles sociétés ? ... Où trouve-t-on les réponses à ces questions ?

 

 

QUI DIT BIEN LES FAITS SUR L'ENERGIE A L'ECHELLE MONDIALE ? 

Plein d'auteurs, mais

 

Belin Sup Gie NRJL'ouvrage qui nous parait avoir la meilleure approche est celui de MERENNE-SCHOUMACKER, Bernadette, en 280p. On le trouve par exemple ici. Petite ode, donc, à Mme MERENNE-SCHOUMACKER : "Ton accent liégois a berçé nos années de géo à l'université, Bernadette. Dans le brouillard et le chaos des querelles entre géomorpho et nouvelle géo, tes livres nous éclairaient parce que contrairement aux livres des sorbonnards, les tiens parlaient du sujet écrit dessus. Et çà, c'est vraiment bien vu. Dans ta géographie de l'énergie, tu nous donnes plein d'informations venues de la Statistical Review of World Energy, des rapports des pétroliers, mais sans répéter les éléments de langage liés à leurs intérêts" En bref : ce livre est à notre sens la meilleure porte d'entrée dans le sujet.

 

 

 

 

QI NRJ

Pour ceux qui ne veulent pas s'embarasser de détails, le numéro 24 de Questions Internationales

bilan monde

présentait déjà l'essentiel. Et l'essentiel de l'essentiel est certainement à la p 13, dans ce graphique des énergies primaires (avant les pertes liées à leur utilisation, pour faire simple). Il montre que depuis 1965, malgré les chocs pétroliers, malgré l'omniprésente du disours sur le développement durable, le "roi pétrole" n'est pas détrôné. Après lui, vient le prétendant charbon (en violet, qui dépasserait le pétrole dès 2016 ?), puis le gaz (ici en vert). Bref, les énergies fossiles font en 2007, et encore aujourd'hui, plus de 80% de l'énergie consommée ! Les 2 sources suivantes, hydroélectricité et nucléaire (en bleu marine et en jaune) se partagent le reste. Les autres énergies renouvellables, principalement éolienne et solaire, ont un rôle encore négligable. Ce graphique s'arrête en 2006 avec une consommation mondiale de 11 milliards de tonnes équivalent pétrole (tep). Mais vérifications faites les proportions n'ont quasiment pas changé depuis, et la consommation mondiale serait passée, elle, à ... 14 milliards. On ne voit donc pas vraiment où est la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Il est donc évident, comme le souligne Jean-François LEGER dans le numéro 727 de Population et Avenir, que l'on n'est pas du tout sorti de la correlation entre richesse et consommation d'énergie, helas ! Alors voilà : début 2016, on nous annonce que le bilan 2015 est encourageant puisque l'émission de gaz à effet de serre ne progresserait plus... ou un peu moins vite. On peut lire ou entendre cela sur des notes de conjoncture de ce type. Reste à espérer que cela se confirme, ce qui n'est pas gagné.

Du côté de la consommation d'énergie, des ordres de grandeur, qu'on retrouve dans la plupart des livres suivants, sont à connaitre : environ 1 tiers pour le transport, 1 tiers pour les consommations résidentielles, 1 tiers pour les usages professionnels.

Il faut également citer 3 incontournables :

 

Ciattoni Veyret

Le livre en format poche, collectif et sous la direction de CIATTONI, Annette, et VEYRET, Yvette, a l'avantage d'être court.

 

 

 

 

 

 

 

Barré Schoum

Avec Bertrand BARRE, qui disons-le clairement est au service de l'énergie nucléaire, Bernadette MERENNE-SCHOUMACKER a écrit l'Altas des énergies mondiales de la collection Autrement. Ce livre a l'avantage d'être réçent (2015)

 

 

 

 

FAVENEC MATHIEU

 

FAVENNEC, Jean-Pierre et MATHIEU, Yves ont eux écrit l'Atlas mondial des énergies pour A Colin (2014)

 

 

 

Il est rare que les Images Economiques du Monde ne fassent pas le point, en une quinzaine de pages, sur la situation des énergies. Ce bilan annuel est présenté ici dans notre message "géoéconomie, la mondialisation"

 

       LE DANGER DE LA PROSPECTIVE

"La prospective, ce n'est pas de la géographie" disait réçemment Y. VEYRET lors d'une conférence consacrée à la cartographie et organisée par l'APHG. Or c'est en matière de géographie de l'énergie que le recours à la prospective est le plus fréquent :

1-les pétroliers, les fabricants de nucléaire se projettent à 10 ou 20 ans dans un monde où la part de leur énergie sera la même. Ils font des milliards et des milliards et des milliards d'investissements pour corrompre les gouvernements...oups, pour "communiquer", rechercher, transformer, transporter leur précieuse énergie. En telle quantité que celle-ci reste pas trop chère. Au final, souvent, bingo, ce qui était prévu se réalise. Nous venons de décrire ce qu'on appelle en sciences sociales la prophétie auto-réalisatrice, qui s'applique ici en géographie de l'énergie. Jean-François STASZAK l'avait magistralement appliquée à la géographie urbaine, dans son article Détruire Détroit. Ce qui n'est pas honnête, c'est de prendre ces prévisions, cette prospective pour vraies. Elles ne tiennent pas compte de la solvabilité des populations, de la nécessité de réduire les GES, des évolutions des conflits dans les pays, de l'évolution des prix. Autant de variables que la réalité géographique met en évidence dès le présent. Elles ne sont donc qu'un pari sur l'avenir.

2-les autres spécialistes de la prospective sont dans l'autre camp politique, ils prévoient, depuis 40 ans, qu'il n'y aura plus de pétrole dans 30 ans, ou que la température moyenne de l'atmosphère va augmenter de 2, 3 ou 4 degrès d'ici à 2100. Cela est vrai... si l'humanité ne réagit pas, si la planète n'est pas plus résiliente qu'on ne le pense, si la croissance économique mondiale se poursuit, si les énergies fossiles sont toujours aussi peu chères et les renouvelables plus chères...

3-le plus délirant est peut-être la prospective exagérément optimiste qui compte sur, ou plutôt qui nous conte une "rupture technologique majeure", toujours imminente, comme le moteur à eau, les hydroliennes, la voiture électrique, ou l'"imprimante 3d" (la palme de l'optimisme à M Bill Gates qui est capable de croire qu'une rupture technologique peut faire des miracles sur le monde, d'un coup de baguette magique) ... autant de balbutiements technologiques qui bien conjuguées peuvent éventuellement faire un peu évoluer les choses. En réalité, cette prospective exagérément optimiste réussit à mettre les vrais problèmes actuels entre parenthèse, ce qui n'est pas très utile.

Soyons clairs : nous ne voulons pas supprimer la prospective de l'analyse géographique. Mais nous regrettons qu'elle soit trop souvent utilisée. Et pire, qu'elle soit trop souvent utilisée sans conditionnel. Il faut donc nettoyer la connaissance géographique de la tyrannie de ces prévisions à long terme, qui sont soumises à trop de conditionnel. Pour cela, revenir à la vocation de la géographie, à savoir décrire la terre telle qu'elle est. 

 

LES ENERGIES, C'EST TRES GEOPOLITIQUE

Parmi l'avalanche de livres et publications sur le sujet, Bibliographie Critique de Géographie trace en 3 ouvrages un petit itinéraire pour entrer dans le sujet.

 

geopolitique IFP

 

Les éditions de l'IFP (Institut Français du Pétrole, cela mérite d'etre mentionné) ont publié cet ouvrage de Jean-Pierre FAVENNEC, auteur déjà cité plus haut. En 296p, il touche tous les thèmes, du pétrole au renouvelable. Mais on sent au fil des pages que l'auteur n'est pas un géopoliticien "pur sucre", puisqu'il parle finalement assez peu de la dimension politique et territoriale mais insiste beaucoup sur les marchés (2009)

 

 

...l'approche territoriale, elle, n'est pas négligée dans le numéro 155 d'Hérodote. Mais comme on ne peut pas tout avoir, on regrettera que ce numéro manque de synthèses. On y trouve des considérations fort intéressantes sur la fameuse "malédiction pétrolière", remise ici à sa juste place. Mais les huit autres articles sont régionaux. C'est très intéressant, mais à l'échelle mondiale on est un peu frustrés. Les relations internationales ne sont-elles pas fortement marquées par la nécessité des nations de mettre la main sur des ressources énergétiques (si possible pas cher ?) Le grand jeu Etats-Unis - Arabie Saoudite - Russie - Iran - pétroles de schistes ne peut pourtant être compris que sous cet angle. Le fait que l'énergie ne soit pas inclus dans les négociations de l'OMC montre bien son rôle émiemment géopolitique. On aurait aimé trouver un livre faisant le point sur tout cela, mais ce numéro réçent d'Hérodote ne le fait pas. Mais peut-être avons-nous manqué une publication pertinente sur ce sujet ? Toujours est-il que les contributions d'Hérodote, bien que régionales, sont passionnantes.

 

Hérodote

 

... en particulier l'article de RACINE, Jean-Luc, intitulé "géopolitique indienne de l'énergie" est une synthèse nationale.

 

LOPEZAboutissement de notre itinéraire géopolitique en 3 points, le livre de Philippe SEBILLE-LOPEZ est l'occasion de montrer que chaque énergie a sa géopolitique. Dans son livre datant de 2006 l'auteur donne les clés pour comprendre le phénomène, en commençant par un chapitre de généralités ("pétrole et géopolitique"), sans oublier les pratiques de corruption, le pétrole en mer qui, éloigné, -off shore- des yeux de la population, a tendance à être plus l'objet de prédation, la négociation internationale des royalties -Denis Sassou-Ngesso a été surnommé "Monsieur 17 pourcent"... les anecdotes révélatrices ne manquent pas. En particulier, pour le Nigéria où l'auteur fera plus tard son travail de thèse, la rente pétrolière suscite une fragmentation territoriale de plus en plus fine, où des ethnies, des identités sont réactivées pour réclamer une part du gateau. C'est pour ce type de réalités à la fois culturelles et géopolitiques que le titre est au pluriel.

Pour se tenir au courant des évolutions de la place du pétrole dans le monde, on peut citer ici le blog Le Monde de Matthieu AUZANNEAU : Oil Man

Il faut dire que pétrole et géopolitique font bon ménage dans l'imaginaire...

OCCUPIED Bande Annonce (Arte - 2015)

 

 mais ils font aussi bon ménage dans la réalité :

360 Obiang

diapositive tirée d'un cours de géographie de seconde

 

L'ENERGIE RENOUVELABLE, C'EST ENCORE PLUS GEOGRAPHIQUE

L'essentiel des références données ci-dessus concernent les énergies les plus utilisées. Elles ont donc tendance à plonger le lecteur-géographe dans de très gros enjeux du monde, avec une clé de lecture souvent politique (et donc forcément géopolitique comme nous venons de le découvrir). Mais du côté des énergies renouvelables, le géographe est dans un domaine enchanté. La géographie des énergies renouvelables est en effet un grand terrain à découvrir ou redécouvrir. En effet, les géographes sont d'abord sollicités par une demande sociale précise et constante depuis maintenant 20 ans : où sont les potentiels d'énergie renouvelable ? Répondre, c'est réinterroger la climatologie (pour le vent, le soleil), réinterroger l'hydrologie marine et continentale (pour l'hydroélectricité), la biogéographie (pour la biomasse), etc

MAIS PATATRAS, il n'y a pas à notre connaissance d'ouvrage spécialement consacré à la géographie des énergies renouvelables. Cà ne saurait tarder. En attendant il y a des articles régionaux ou thématiques, des sites Internet qui recensent les puissances installées. Il faut donc picorer les informations, çà et là. On peut néanmoins présenter successivement 6 sources d'énergie renouvelable.

1-Bibliographie Critique de Géographie a déjà rendu compte, dans ce billet de blog, d'un numéro spécial de La Géographie où Alain MIOSSEC faisait un tour du monde des ressources énergétiques marines. Elles sont énormes, puisque rappellons-le la mer c'est 71% de la surface de la boule terrestre !

 

geothermie

2-Et nous ne disons pas "globe" mais "boule" terrestre puisqu'une boule, c'est plein. Et la terre est une boule de feu : dès 2000m sous terre, il fait 100° ! La géothermie est une source d'énergie fantastique, mais -ne tombons pas dans les excès que nous dénoncions 30 lignes plus haut- elle n'est pas vraiment exploitable. Des pays hautement volcaniques comme l'Indonésie et l'Islande ont un potentiel exploitable ; seule l'Islande l'utilise à grande échelle. Ouvrage présenté : le manuel de LEMALE, Jean. Attention, ce n'est pas un ouvrage de géographie (300p, 2015)

 

 

3-L'énergie solaire fait partie des énergies renouvelables directement exploitables au potentiel colossal. En effet, à l'échelle globale l'énergie reçue à la surface de la terre est colossal.

Bilan radiatifCe bilan radiatif est un passage obligé de première année de faculté de géographie. Celui-ci vient de l'Encyclopédie Larousse. Mais on le retrouve (sans les couleurs) dans un manuel comme celui de GODART et TABEAU cité dans notre billet de blog sur la Géographie physique. Mais on le retrouve aussi, il est temps de citer cette référence, dans l'article "énergie" des Mots de la Géographie, dictionnaire critique, Belin, 1992 (et on s'étonnera que le Dictionnaire de la Géographie et de l'Espace des Sociétés n'ait pas d'entrée "énergie", ni "géographie et énergie", ni "force"... enfin aucun mot de ce champ lexical pourtant si important en géo...  nous tenterons de percer ce mystère dans notre futur billet de blog "La conjuration des dictionnaires de géo") Pour en revenir à notre bilan radiatif, donc un rapide calcul permet de conclure que moins l'énergie solaire reçue au sol, sur une surface de moins de 200 000km2 équivalent à l'ensemble de l'énergie primaire utilisée par l'humanité. Typiquement, cela revient à dire que le soleil donne chaque année à la Tunisie bien plus que les 14 milliards de TEP consommées sur terre. Problème objecterez-vous, les panneaux solaires ne captent que 20% de l'énergie qu'ils reçoivent. Qu'à cela ne tienne, il faudrait dont couvrir de panneaux solaires bien moins d'un pourcent de la surface émergée pour arriver au même résultat, soit l'équivalent d'un pays comme l'Egypte. Il faut ici songer aux nombreux pays dotés d'une immense surface ensoleillée et désertique pour réaliser que ces équipements ne sont pas si utopiques.

Ce petit calcul pour montrer que le potentiel d'une seule énergie renouvelable est énorme. Les perspectives existent !

4-L'énergie éolienne est moins importante, mais plus facile à capter dans l'état actuel des techniques. Là encore la mise au point récente d'éoliennes de plus d'un mW de puissance, il y a une vingtaine d'années, a poussé les climatologues à dessiner des cartes de ventsafin de localiser les secteurs intéressants. Et voilà que de nombreux pays ou régions se révèlent être de véritables mines d'énergie éolienne.

egypte wind

Comment, l'Egypte dont nous disions quelques lignes plus haut qu'elle pourrait brancher le monde entier en énergie solaire ? Ses dizaines de km de cote, le long du golfe de Suez pourrainet à eux seuls produire de l'électricité pour toute la région et bien plus. Carte tirée du Global Energy Network Institute (GENI). La légende est difficilement lisible : en couleurs chaudes, la force moyenne du vent à 50m d'altitude. Les plus fortes valeurs se concentrent à l'Ouest du golfe de Suez.

 

 

 

 

Et a priori, pas d'association "vent de colère" en perspective,

 

egypte

 

ni ici,       

                                                                                                                       ni ici.LUMIX_422_MAJ_07__cairo_229

 

 

 

 

Pour se tenir au courant des installations éoliennes dans le monde, plusieurs sites Internet en font la recension enthousiaste, et en temps presque réél, comme celui-ci

 

Saiano5-L'énergie hydrolique a-t-elle dit son dernier mot ? Celle-ci a en effet atteint ses limites d'abord parce que dans certaines régions du monde l'équipement recouvre quasiment le potentiel (notamment en Europe occidentale), ensuite parce que toutes les mises à l'eau ont toujours révélé un important dommage écologique (comme Itaipu au Brésil). Ajoutez à cela le problème du comblement du bassin de rétention, la modification des crues en aval... Ajoutez à cela la "spécialisation" des régimes communistes dans la construction de ces géants de béton... A ce titre la centrale de Saiano, sur le fleuve Ienissei est un symbole : barrage le plus puissant du pays, inauguré vers la fin du régime communiste (1978), qui fut le théâtre d'un accident lié à son mauvais entretien en 2009 (photo, tirée du Courrier de la Russie, "image du jour" du 24 juin 2014). Tout cela donne une atmosphère clairement hostile à tout nouvel équipement. Les débats réçents sur le petit barrage de Rianezze en Corse du Sud (finalement ouvert), l'opposition à tout nouvel équipement en Autriche ou en Suisse romande montrent cette réticence populaire... en Occident. 

Parce qu'à l'échelle du monde, l'ambiance est un peu différente. La consultation de la liste des plus grands barrages hydroélectriques suffit à convaincre que cette énergie n'est pas tout à fait enterrée. Cependant, l'énergie hydro-electrique sortie par la porte, revient par trois fenètres : d'abord par l'équipement dans les pays émergents, qui se font de manière autoritaire mais qui finissent par être acceptés (programme Attaturc en Turquie du Sud, barrage des Trois Gorges). Deuxième fenêtre, l'installation dans des régions où le besoin de développement est tellement criant que les considérations écologiques sont négligées (c'est le cas pour le grand projet du barrage d'Inga sur le fleuve Congo). Enfin 3ème retour, les petites centrales en Occident, sur des cours d'eaux moyens (exemples ici) , parfois dans des propriétés privées.

6-D'autres sources d'énergie renouvellables sont à prendre en considération : biomasse, énergie animale... tout cela compte quand on fait un vrai bilan énergétique territorial.  Catherine FOURNET-GUERIN tente de le faire pour un pays où l'on manque cruellement de statistiques, à savoir Madagascar. Le compte-rendu de sa conférence est ici, parmi les actes du Festival de la Géographie de 2007, consacré justement aux énergies. Cette conférence est aussi très intéressante parce qu'elle tente de mesurer l'impact de l'énergie sur un territoire.

L'IMPACT DE L'ENERGIE SUR LES TERRITOIRES, C'EST ESSENTIEL

... mais là encore, à notre connaissance, personne ne s'est aventuré dans une synthèse sur le sujet. Cà non plus, cà ne saurait arder. Pourtant le géographe doit absolument se poser ces questions :

-l'énergie contribue-t-elle au développement du territoire qui la produit ? On peut revoir plus haut la diapositive mettant en regard la fortune de la famille Obiang en Guinée Equatoriale, et la pauvreté de la population du pays, mais on peut aussi penser à à situation contraire : l'intégration du système énergétique à la démocratie (Allemagne, Danemark...)

-énergie et démocratie : c'est une source de revenus facile à détourner pour ceux qui, au pouvoir, voudraient la capter. Arabie Saoudite, Nigéria, Algérie... semblent démontrer que l'énergie est un moyen de confisquer la démocratie. L'Allemagne, le Danemark semblent démontrer le contraire.

-les territoires de l'énergie sont souvent des enclaves. Voilà par exemple la situation de l'oblast de Tioumen en Russie : avec un PIB/habitant de plus de 47 000$ en 2011, c'est une des régions les plus riches du monde, bien devant les pays occidentaux (sans toutefois dépasser le Luxembourg ou le Quatar)

Monde sans fin

Le mot de la fin (de cette page) sera pour Le Monde Sans Fin, miracle énergétique et dérive climatique, Dargaud, 2021, 196p. L'auteur est Christophe BLAIN (dessinateur) et Jean-Marc JANCOVICI (interviewé, fait un cours sur les énergies). C'est un roman graphique qui présente bien la problématique de la durabilité de l'énergie. Commencons par rendre hommage à la qualité de cet ouvrage, et par relever son intérêt pédagogique évident. Des graphiques comme celui, en diagramme cumulé de l'évolution des consommations énergétiques depuis un siècle, présenté par Enjeux Internationaux (plus haut) sont reproduits mais de manière ludique (p42). Des réalités fort importantes sont martelées : avant la révolution industrielle, toutes les énergies étaient renouvelables ! voilà qui est vrai. De nos jours, un occidental consomme en énergie l'équivalent du confort que lui offreraient 200 esclaves (et oui !). Pour ce qui est des solutions, ce sont bien évidemment celles du Shift Project, Think Tank de J M JANCOVICI, maintenant bien installé, à savoir la transition énergétique vers les énergies décarbonnées via le nucléaire, considéré comme pas si dangereux (30 pages sont consacrées à ce plaidoyer). Le lecteur se fera donc son opinion, mais quoi qu'il en soit le Monde sans fin mérite d'être considéré comme une référence.

 

 

CONCLUSION

En définitive, la bibliographie correspondant à la géographie de l'énergie est un peu tout terrain : quelques rayons de bibliothèque entiers sont publiés sur le pétrole, alors qu'aucune synthèse n'est consacrée à la géographie de l'énergie éolienne. Il faut donc savoir, comme souvent en géographie, être un chercheur tout terrain, et croiser informations en ligne, rapports d'expertise, chapitres tirés de tels ou tels ouvrages.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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