Les petites îles

21 février 2020

Rubrique en construction - Mais...

...Mais la lecture de la récente Géopolitique des Iles de Marie Redon nous a envoûtés au point de ne ne pas attendre avant de commencer ce sujet.

En moins de 200p (176), le livre tient exactement son sujet et nous éclaire sur les 460 000 îles, rien que ça selon l'ONU, qui sortent des mers. Pourtant, ce livre réçent (2019) avait plusieurs handicaps aux yeux de Bibliographie critique de Géographie : DE L'HISTOIRE dans le chapitre 1 (nous avons déjà regretté le trop d'histoire en géo, mais ici c'est l'exception de l'approche géopolitique qui le justifie) ; PAS de carte ! ; PAS d'image ! ; PAS de schéma ! Et pourtant, le propos est si juste et si pertinent que nous ne lui en tiendrons pas rigueur.

Au fond, ce livre est sans le dire explicitement un excellent plaidoyer pour la géographie. Car en explorant le thème des îles, l'auteur réactive les méthodes géographiques l'une après l'autre... Exemples : l'usage de l'analyse site / situation, très pertinente pour les îles de nos jours ; la question de la définition de l'île, bien posée en introduction, et bien revisitée au fil de la démonstration, avec la problématique des rochers, des îles de marée basse (si si, ça existe !), des îles fluviales... On aura compris que l'auteure ne s'intéresse pas aux îles de premier ordre et encore moins aux îles-continent... L'articulation entre théorie et exemples est remarquable : les livres précédents sur les îles sont bien intégrés à la réflexion (Abraham MOLES fondateur de la "nissologie", science des îles ; Nathalie BERNARDIE-TAHIR pour sa synthèse de 2011...), la connaissance des institutions qui se penchent sur les îles (PNUE, Tribunal de la Haye sur le droit maritime qui produit, sous nos yeux car ces dernières années il arbitre beaucoup de litiges de ZEE...) Du côté des exemples, l'auteur montre que les derniers événements de la vie sociale et politique des îles sont clairement les grandes lignes d'une théorie de l'île : c'est bien sûr la mise en scène de l'île-carte postale qui est remarquablement présentée dans une partie (le point sur les îles privatisées est passionnant) ; c'est aussi les îles laboratoires ou plutôt miroir de la mondialisation avec le bilan des îles déjà englouties par le réchauffement global, des îles de transit migratoire, et la description très juste de la "licencieuse insularité" des paradis fiscaux, îles casino, etc. L'approche est bien géopolitique : c'est pourquoi le géographe qui le lit doit le compléter par de la géogrpahie physique pour le compléter.

Nous ne résumerons pas ici tout l'ouvrage, tentons néanmoins de mettre en évidence une île, une seule, qui serait la plus représentative des 460 000 ... peut-être faudrait-il prendre Nauru dans le Pacifique ?

Nauru est en effet une nouvelle île-Etat, qui fait partie du "club" des PEID (Petits Etats Insulaires en Développement, qui font 20% des voix à l'ONU avec moins d'un pourcent de la population mondiale), surexploitée pour ses ressources (elle nous ferait presque penser à l'île de Pâques), maintenant dépendante des grandes puissances et même utilisée par l'Australie pour y parquer ses immigrés clandestins ! Même si sa vision n'est pas aussi négative que celle du livre de Luc FOLLIET, 2010 - image ci-dessus), l'auteur s'attarde sur ce cas dans la première partie du livre, comme d'autres géographes avant elle (Fabrice ARGOUNES avait déjà fait une conférence sur cette île au Festival de la Géographie de St Dié). Les îles finalement sont une bonne entrée dans le monde, comme avec Anaa, dans l'archipel des Tuamotu, qui nous avait fait commencer notre rubrique "géographie générale du monde"

En définitive, la Géopolitique des îles de Marie REDON est à la fois une épure de synthèse géopolitique (qui définit très bien ce qu'est la géopolitique au sens précis du terme, comme nous tentons de le faire sur cette page de blog), et une bonne description d'une partie de la face de la terre (voilà pourquoi nous avons hésité à la placer dans la géographie régionale).

Bien sûr, ce livre n'est ni le premier, ni le plus complet sur le sujet. Les fidèles de la Société de Géographie ont dans leur bibliothèque le numéro 1528, 2008. Rappel, cette page est loin d'être complète et doit être étoffée